ZRIGUE Anissa

Université de Kairouan, Tunisie

 

L’insertion des proverbes dans les reseaux transphrastiques

 

Les nouvelles recherches ont montré que les proverbes ne sont ni figés (Anscombre : 2003 et Mejri : 2008 et 2010) ni autonomes (Kleiber 1994: 211, 2002: 19) et que leur statut dans le discours à savoir celui du vecteur de la doxa de la vox populi est remis en doute (Kleiber :1999 et Sfar : 2010). La question qui se pose, alors, est la suivante : Quelles seraient, ainsi, les nouvelles fonctions du proverbe dans le discours ?

Nous nous proposons d’étudier dans le présent travail le rôle du proverbe dans la structuration du discours à travers son insertion dans les réseaux transphrastiques variés (Prandi & Gross : 2004).

Pour appréhender ce nouveau statut et ces nouvelles fonctions il convient d’examiner son fonctionnement in situ dans la mesure où hors contexte le sens du proverbe reste partiel, incomplet, et assez vague.

Pourtant, les études qui ont traité le proverbe d’un point de vue externe demeurent assez rares. En effet, les articles ainsi que les travaux de recherche menés sur les proverbes sont partagés en deux catégories : ceux qui ne dépassent pas un cadre lexicographique restreint ayant pour objectif le simple recensement des proverbes, et ceux qui se penchent sur la description de la structure interne de ces énoncés parémiques.

Dans le présent travail de recherche les proverbes seront abordés de l’angle de leur combinatoire externe.

Il s’agit d’étudier l’inscription du proverbe dans des réseaux transphrastiques variés lui permettant de participer à la structuration du discours. Grâce à ce fonctionnement propositionnel le proverbe assure l’enchaînement prédicatif dans le discours.

Qu’elles soient implicites :

Amenez aussi ce cher seigneur Ivan Pétrovitch et tous vos amis ; plus  on est de fous, plus on rit

G. LEROUX, Roul. tsar, 1912, p. 86

ou explicites :

« Le Bye Bye, c’est dans notre culture, déclare Joël Legendre. Le temps des Fêtes est une période nostalgique où on a envie de rire, de se rapprocher, d’être amoureux et de donner. » Et il n’y a pas de mal à se tirer la pipe une fois par année puisque qui aime bien, châtie bien.

La Presse, 27 novembre 2006

ces relations transphrastiques favorisent la greffe des proverbes dans le discours.

Notre approche s’inscrit dans le cadre théorique des travaux de recherche menés au LDI selon lequel la phrase est l’unité minimale de sens.

 

Bibliographie :

ANSCOMBRE J-c.,  2003, «Les proverbes sont-ils des expressions figées?», in Cahiers de lexicologie, vol.82, n°1, pp. 159-173.

KLEIBER, G., 1994, « Sur la définition du proverbe », Nominales, Paris, Armand Colin, p. 207-224.

KLEIBER, G., 1999, « De la sémantique de la métaphore à la pragmatique de la métaphore », La métaphore, entre philosophie et rhétorique, Paris, PUF, p.3-13.

KLEIBER, G., 2002, « Lexique et cognition: de la dénomination en général au proverbe en particulier », Cognitio, n° 11, p. 9-37.

MEJRI, S., 2008, Inférence et structuration des énoncés proverbiaux,  Des topoï à la théorie des stéréotypes en passant par la polyphonie et l'argumentation dans la langue / Leeman, Danielle.

MEJRI, S., 2010, « Traduction et fixité idiomatique » META, Volume 55, numéro 4, pp.31-41..

MEJRI, S., 2011, « Figement, collocations et combinatoire libre », Le figement linguistique : la parole entravée, S.MEJRI et J-C ANSCOMBRE (dirs.) Editions Champion, Paris-Genève.

PRANDI, M., & GROSS, G., 2004, La finalité, coll champs linguistiques, éd. Duculot.

SFAR, I., 2010, Le proverbe : un prédicat endophorique, Journées scientifiques tuniso-japonaises. 

SFAR, I., 2011, La fonction endophorique du proverbe : entre prédicat analytique et prédicat synthétique, Colloque international sur les proverbes « Tous les chemins mènent à Paris-Diderot.